Jean-Louis GUIDEZ retrempe ici sa plume Sergent-Major dans l’encrier de porcelaine blanche des souvenirs vécus. Il nous propose une monographie de la communale des années 50 et des écoliers du baby-boum d’après-guerre. C’est l’école d’avant, laïcisée par Jules Ferry et, dit-on, inventée par Charlemagne, avec ses premières réformes qu’apporteront les lois Falloux ou Guizot consentant encore à la Religion une place prépondérante dans l’enseignement que balayeront les « Hussards noirs de la République » de Péguy.
Le fait que l’auteur ait débuté le primaire dans le Pas-de-Calais, le pays des mineurs de fond dont il est issu, pour le poursuivre ensuite dans le Midi, nourri de deux cultures régionales, lui permet d’illustrer son évocation de particularités vernaculaires des écoles d’horizons différents, avec leurs parlers ou leurs intonations spécifiques et leurs singularités linguistiques. Ce qui participe avant l’heure aux identités régionales et patrimoniales avant que la loi Deixonne ne les reconnaisse, balayant enfin la glottophonie punissante d’un enseignement resté profondément jacobin, ethnocentriste et parisianiste, à la prononciation germanopratine.
L’auteur nous plonge dans l’univers de l’instruction publique que les moins de 60 ans ne peuvent pas connaître. Celle des futurs soixante-huitards. L’époque de la non-mixité, de l’encre violette, des gauchers contrariés, du lait de Mendès France, du certificat d’études et des colonies de vacances, de l’apparition du Bic, des bonbecs fabuleux de Renaud, les Mistral Gagnant et les Carambar bien avant les Malabar et les Pez. Des jouets bricolés, les caisses à savon, les pistolets à élastiques, les frondes, les cerfs-volants de papier journal des jours de vent et les moulins à eau des jours de pluie. Bien avant la mode des scoubidous, des Tac-Tac ces deux boules à cordon musicales. Le temps des billes de terre ou des yoyos des récréations, de l’abécédaire, du par cœur, du Bled avant le Bescherelle et des jeudis d’école buissonnière.
Bien avant la méthode globale de lecture ou la semaine des quatre jours et ce mercato des ministres de l’Éducation nationale et leurs réformes technocratiques appelées à ne signer que leur passager maroquin régalien et palinodique.
Un récit empli d’humour un peu façon « La guerre des boutons ».
Un livre attachant abondamment illustré de photos d’époque qui sont, en quelque sorte, celles des copains d’avant !
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Journaliste honoraire, Jean-Louis GUIDEZ consacre sa retraite à l’écriture de romans et livres divers. Après avoir publié par le passé, « La Laïque », « L’école publique de A à Z » et, chez le même éditeur, « La cour aux marronniers », il propose cette fois, avec « L’école d’avant », une histoire de la communale, de l’après-guerre des années cinquante, vécue à la fois dans le Nord de la France et dans le Midi.EXTRAIT-PDF (0 Ko)